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Une introduction à l’histoire du naturisme sur Marseille et sa région

(LIVRE EN COURS D’ÉCRITURE)

En théorie, l’ancienneté d’une activité permet sa reconnaissance en s’intégrant progressivement dans le paysage local. Dans notre région, tout le monde ne sait pas que le naturisme est pratiqué dans les Calanques, et ceux qui le savent ne sont pas au courant que cet usage existe depuis le début du XXe siècle.

A trop vouloir passer inaperçus, pour ne pas déranger ou ne pas choquer les esprits, ils se sont fait oublier. Certains vont dire que les naturistes sont par essence respectueux : possible qu’à Marseille, ils l’aient trop été. On a effacé de nos mémoires que les naturistes étaient présents aussi bien autour que dans Marseille en rendant le mouvement marginal.

Peu de passionnés des Calanques se rappellent que toutes les criques, sauf celles qui sont habitées, étaient fréquentées par les naturistes. Même les naturistes eux-mêmes, avouez que c’est cocasse ! Bien sûr, il y a des exceptions : il y a des Marseillais, amoureux de la nature, qui se rappellent avec nostalgie de ce passé ; mais ils ne sont pas nombreux, et souvent âgés.

L’Association Naturiste Phocéenne a choisi de mettre en lumière ce passé, propre à notre culture régionale, pour contrer la médisance de la société envers une pratique saine et naturelle. Il semble que cette histoire ait été volontairement oubliée car elle gêne, même chez ceux qui en ont écrit une partie. La peur du jugement de nos semblables est lourde. Ce passé déplait parce que c’est une alternative de vie, un choix qui n’est pas forcément celui de la majorité. On a peur aussi de gêner des populations qui ne sont pas forcément capables de comprendre cette philosophie.

Pour ne pas dresser un portrait complètement négatif et ne pas rester ancré dans le passé, nous allons voir également que la société a dans le même temps évolué de manière positive en acceptant mieux la différence des autres. Le naturisme dans la région a un bel avenir, à condition de ne plus rester caché et inerte. Regarder le passé, apprendre à connaître nos aïeux, leurs aspirations et leurs démarches permettra de mieux nous projeter vers l’avenir.

Ceci n’est pas un « devoir de mémoire » mais le fruit d’une recherche passionnante. On me pardonnera donc quelques oublis, passages flous, voire quelques incertitudes. J’espère d’ailleurs que mes lecteurs auront la gentillesse de me signaler mes éventuelles erreurs.

Dans les chapitres suivants, les termes utilisés vont parfois vous paraître surprenants on inopportuns. Une pensée pas si radicalement différente de la nôtre, mais qui parfois paraît dépassée ; s’y attarder permet d’effacer nos préjugés et de mieux la cerner. Elle nous paraît alors non seulement moderne mais même, dans certains cas, avant-gardiste.

Une époque où tous les naturistes n’étaient pas forcément nus à la plage mais parfois avec un « minimum » ; où les nudistes n’étaient pas forcément naturistes ; où les nudistes ne disaient pas « nus », et encore moins « à poil », mais « nudité intégrale » ou « naturisme intégral. Les naturistes pratiquant la nudité intégrale se dénommaient « gymnosophes ». Ils ne faisaient pas du « bronzage » mais de « l’insolation », pas celle qui nous brûle la peau, mais la bienfaitrice, apaisante régénération naturelle. Ils ne s’exposaient pas au soleil mais « s’insolaient ». On parlait de « stade naturiste » ou de « stade de réalisation » à la place de « centre naturiste ». On disait « la première fois que j’ai réalisé » pour dire « ma première expérience naturiste ». Les lieux naturistes devaient être spécifiés comme étant « gymniques », pour être sûr que la nudité intégrale était admise, car certains clubs estampillés « naturistes » obligeaient au port du maillot. On parlait aussi de « société » pour parler de clubs ou d’associations, comme si on faisait référence à une organisation secrète. Parfois, on parlait d’un camp, ou d’un centre, alors qu’il s’agissait juste d’une plage avec une association présente, sans aucune installation. Une époque où le naturisme avait des apirations médicales. Où les habits admis étaient uniquement un peignoir et le survêtement quand le froid se faisait sentir. Le mot était noble et d’ailleurs, il était l’apanage d’une élite, médecins, notables, chirurgiens, une classe aisée qui n’hésitait pas à montrer la voie face aux moralistes. Notre pratique était décrite avec des termes médicaux, les revues parlaient d’héliose, héliothérapie, actinologie, physiologie, aérothérapie, hydrothérapie… C’était l’époque des précurseurs du naturisme, les pionniers de nouvelles libertés, et beaucoup étaient Marseillais. Certains d’entre eux étaient médecins ; en prenant le contrepied d’une société prude, ils ont prouvé les bienfaits d’une exposition intégralement nue au soleil et ce, dès les années 20 !

Vous serez surpris d’apprendre que le propriétaire de l’unique centre naturiste dans Marseille a été un courageux résistant, bravant l’armée allemande mais surtout les collaborateurs, dans le maquis de Barrême avec un culot que lui-même n’a jamais réussi à expliquer. Un personnage unique et haut en couleur que vous découvrirez dans les prochains chapitres.

Ce n’était pas forcément une époque bénie, mais ces pionniers ont su dépasser les préjugés, balayer les rumeurs, en allant à l’opposé d’une pensée majoritairement puritaine.

1931 – Vivre intégralement – 1er avril

1933 – naturistes de provence -Vivre intégralement – 1er trimestre 193

Vivre intégralement – 15.11.31

 

Cet article a 2 commentaires

  1. heymard éric

    Bonjour, je ne sais si vous avez lu « la cure naturiste » des docteurs Durville (1930). Tout est toujours d’actualité.

    1. marseilleman

      Oui je l’ai lu mais malheureusement aucune information concernant le naturisme dans la région marseillaise alors qu’Henri Durville avait réalisé des conférence sur le naturisme à Marseille dans les années 30.

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